Découvrir Sainte Gemme
carte-maison-noir-et-blanc-ste-gemme-la-plaine

La forêt

Aux temps les plus reculés, notre commune ne présentait aucune route ni chemin, aucune maison. La plaine était entièrement recouverte par la forêt où de nouvelles essences d’arbres proliféraient comme le chêne et l’orme. Au sud s’étendaient les eaux de l’Océan, ancien Golfe des Pictons.

Au milieu de ce havre de verdure sillonné de ruisseaux, fossé courant et autre « bras de mer » l’homme trouva refuge et nourriture. Les découvertes de silex, haches polies et flèches témoignent de cette occupation précoce.

Puis, passant progressivement du stade de nomade à celui de sédentaire, l’homme commença à défricher son environnement et y établit des campements. La terre cultivée et la forêt peuplée d’animaux qu’il pouvait chasser, lui fournissaient de quoi subsister au rythme des jours et des saisons.

Regroupant les éléments naturels, tels que l’eau et le bois, bénéficiant de conditions climatiques privilégiées (ensoleillement, climat tempéré), offrant un relief peu accidenté, la forêt favorisa l’arrivée d’une tribu celte : les Pictons. Ce nouvel arrivant maritime va rapidement former, par son implantation stratégique, la première constitution de notre délimitation territoriale.

Forêt

Les siècles passent, nos pictons dominateurs devinrent dominés, et durent subir les jougs successifs des invasions. Mais, heureusement, la forêt est là pour leur servir de refuge et de garde-manger. Débarrassée des pirates normands qui avaient dévasté Luçon et tout le pays avoisinant du Bas-Poitou, la rare population survivante voulut porter reconnaissance à cette forêt protectrice.

Plus tard, au Moyen-âge, les habitants de Ste Gemme regroupés autour du château féodal demandèrent protection à leur seigneur. Mais, en contrepartie, ce dernier devint l’unique propriétaire de la forêt, domaine privilégié pour ses chasses. Réputée pour les faucons et éperviers qu’elle abritait, la forêt de Ste Gemme acquit rapidement ses lettres de noblesse par les nombreuses fréquentations des Ducs, Comtes et autres puissants Vicomtes qui voyaient en celle-ci une véritable source d’approvisionnement en rapaces. De telle sorte que notre forêt se vit gratifier du nom de « Forêt d’Emouchet ». Parallèlement, on assiste, à cette époque, sous la houlette des moines, à une vaste campagne de défrichement et de déboisement. Les causes en sont multiples et variées : accroissement des terres cultivables, augmentation de la population locale, assèchement des marais.

De par leur position stratégique, les divers bois de Ste Gemme s’avérèrent être de véritables lieux propices aux embuscades et combats où se gravèrent deux pages sanglantes de notre histoire. En effet, le 15 Juin 1570, se déroula en la Clairière de la « Vallée Eraut » (entre Luçon et Ste Gemme), la plus importante bataille que se livrèrent, en Bas-Poitou, les troupes protestantes (aux ordres de la Noue, la Popelinière, Bessay, et autres chefs) et les troupes catholiques du Roi Charles IX commandées par Puygaillard.

foret-sainte-gemme-la-plaine

Quelques deux siècles plus tard, l’histoire se renouvelait. Par trois fois, les 28 Juin, 30 Juillet et 14 Août 1793 la forêt, par ses clairières et ses lisières prononcées, servait à nouveau de champ de bataille. Le troisième combat qui s’y déroula fut, par son nombre impressionnant de victimes (5000 morts) le tournant décisif des Guerres de Vendée.

Ordonné par le gouvernement révolutionnaire, l’arpentage de notre forêt donna la contenance de 150 hectares et 10 ares. Elle porta, l’espace de dix années, le titre de « Forêt de la République ». Elle était alors gardée comme propriété nationale par le citoyen Nicolas Etienne Dufossé, garde forestier national. C’est également pendant ce laps de temps que fut tracé le chemin dit de « la Nation » en souvenir des combats énoncés plus haut.

Par suite d’amnistie, la main-levée du séquestre existant sur la forêt était prononcée le 24 octobre 1804.

Vendue progressivement par les héritiers du défunt seigneur local, la forêt gemmoise se morcela considérablement au cours du XIXème siècle, avant d’être, en 1990 l’objet d’une sauvegarde départementale pleinement justifiée tant par la richesse florale que faunique qu’elle renferme.

Dernière surface boisée d’importance de cette région sud-vendéenne, où les chênes, pubescents, pédonculés et verts, ainsi que d’autres arbustes vous attendent au détour des sentiers ou dans leurs sous bois, sans oublier les jonquilles sauvages qui la rende très fréquentée aux premiers rayons du soleil de février-mars.

Bonne balade…